Atelier Louves

Sans titre

2021

Sous commissariat de Michaël Nicolaï

Créé en 2017, Atelier Louves se présente comme un collectif de recherches artistiques. Ses fondatrices, Cathy Gagalis Vega et Clarisse Jeghers, ont étudié à La Cambre (Bruxelles), la première en communication graphique, la seconde en gravure. « Il y a beaucoup de choses à dire sur le choix de l’appellation de l’atelier. Il y a une acception significative de rassemblement, de meute. Il y a le côté sauvage. Le genre et le nombre du mot ‘Louves’ nous définissent : féminin et pluriel. Il devient presque abstrait ; on en oublie l’animal », explique Clarisse Jeghers. Le croisement des savoir-faire et des expériences ont permis de faire naître puis évoluer une identité singulière et forte, appliquée à des projets tant privés que publics, de petite ou de grande taille avec une prédilection pour les surfaces murales. Epinglons dans ce registre leurs collaborations en 2020 avec l’agence Tavu pour la station du tram bruxellois Simonis ou sur le toit d’un bâtiment des anciennes casernes de gendarmerie Fritz Toussaint à Ixelles. Ces deux expériences témoignent en outre de la capacité des Louves à travailler dans la dimension monumentale en prenant en compte les caractéristiques physiques et la sensibilité des sites où elles interviennent.

Au Parlement, la définition architecturale des parkings est spécifique, en particulier dans la nature brute des murs et dans leur format horizontal « comprimé » entre sol et plafond. « Comme le support est très structuré, nous avons dû utiliser des spray alors que, habituellement, nous peignons au pinceau, soulignent les artistes. Cette contrainte s’est avérée porteuse de créativité. Nous avons dû adapter notre façon de faire : elle est ici moins graphique que picturale. Il ne nous était pas possible d’apporter autant de détails que d’habitude et la composition est plus synthétique, plus abstraite. Nous avons retrouvé davantage de simplicité dans les lignes et les formes. Nous avons aussi employé une palette différente : les couleurs sont plus saturées. » En réaction aux proportions des murs, les Louves ont développé une composition très dense : il y a peu de fond, pas de profondeur. Les surfaces peintes que des dessins au trait noir viennent ponctuellement étayer sont agencées suivant une organisation intriquée de plans découpés. Ces derniers semblent s’échapper du support induisant une dynamique qui libère l’espace.

Définition
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La peinture du Parlement reste néanmoins caractéristique du travail des Louves, en particulier par les recherches d’intégration de lignes organiques évocatrices d’éléments végétaux en contrepoint de la configuration géométrique de l’environnement construit. « Nous sommes inspirées par des paysages contrastés : espace bâti / espace naturel, masculin / féminin, noir / blanc. Il y a, poursuivent les artistes, un discours écologiste : comment la ville, l’humain, la nature peuvent-ils cohabiter ? »

Pierre Henrion

Définition
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