Charlotte Beaudry

Charlotte Beaudry, Pussy Bow, 2017

On pourrait y reconnaître le nœud d’un emballage cadeau. Mais il s’agit d’une lavallière, sorte de cravate apparue au XVIIe siècle.

Deux siècles plus tard, elle accessoirise l’image archétypale des étudiants, des intellectuels de gauche et des artistes.

Les amateurs de Western hollywoodien la retrouveront dans la panoplie de leurs cowboys favoris ; Robert Wagner en porte une dans le Jesse James (1957) de Nicholas Ray.

Si la lavallière tombe en désuétude auprès de la gente masculine avec le début du XXe siècle, les femmes réactualisent son usage dès les années 1930, particulièrement dans le monde anglo-saxon où elle prend le nom de « Pussy Bow » … à relire le titre de la peinture de Charlotte Beaudry, on y est bien.

Définition
Charlotte Beaudry, Pussy Bow, 2017 low def

Pussy Bow, huile sur toile 190 x 200 cm, 2017 - Installée dans l'escalier d’honneur de l'Hôtel de Ligne.

« Je travaille souvent sur des séries, explique l’artiste. Elles touchent l’adolescence, la culture trash ou les architectures précaires. La pièce du Parlement fait partie d’une suite axée sur les attributs féminins. J’ai pris pour motif des vêtements, bijoux, chaussures, perruques, sacs à main, ongles vernis … J’instille des idées de façon discrète souvent autour de la féminité et de ses représentations médiatiques ou sociétales. Pussy Bow recèle ainsi une allusion aux revendications des femmes à pouvoir affirmer leur statut social quand, dans le courant des années 1960, elles arrivent sur le marché du travail ou plutôt sur celui du pouvoir, surtout en Amérique du Nord et en Angleterre. On voit la lavallière nouée autour du cou de Margareth Tatcher, de Meg Whitman et, plus proche de nous, de Kamala Harris, la toute ‘fraîche’ Vice-Présidente des Etats-Unis et première femme à exercer cette fonction. Le Pussy Bow est l’équivalent au féminin du nœud de cravate sous le menton d’un homme d’affaire ou d’un homme politique. Je l’ai peint dans plusieurs couleurs, ici dans un camaïeu de brun mais ailleurs dans les tons mauves. Il y a quelque chose de sensuel dans ces toiles – surtout dans celles de grand format, on aurait envie de se lover dans le tissu – et même de sexuel – n’évoquent-elles pas un sexe féminin ? –. »

On retrouve dans Pussy Bow la manière caractéristique de l’artiste. D’abord, la valeur figurative de l’œuvre qui rencontre sa nécessité à s’appuyer sur des éléments de réalité. Et puis, les qualités purement picturales : la forme, la couleur et la composition sont maîtrisées suivant des exigences qui donnent sa cohérence à l’ensemble de ses recherches.

Ici comme dans la plupart de ses peintures, Charlotte Beaudry projette son sujet sur un fond blanc : « Je ne l’inscris pas dans un contexte pour préserver la force de l’image et aussi la laisser ouverte ; sans environnement, on peut imaginer ce que l’on veut ».

Texte de M. Pierre Henrion

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