Frédéric Platéus
Frédéric Platéus, MK4-170 , 2020
Frédéric Platéus
Liège, 1976
Vit et travaille à Liège
C’est en 2015 que Frédéric Platéus a commencé à développer des bas-reliefs sur mousse de garnissage recouverte de membranes pvc. Les premières séries montraient des formats rectangulaires pour évoquer l’allure la plus usuelle de la peinture de chevalet.
« Je cherchais à rendre une tension comme si les pièces étaient gonflées à la limite de la rupture, explique l’artiste. Rapidement, j’ai fait évoluer les compositions vers des structures éclatées. Cela correspond à mon attirance pour les schémas dynamiques qui constituent un des éléments les plus récurrents dans mes références. Je me suis ici intéressé à l’esthétique du matériel sportif, en particulier les chaussures et les motos de course. »
Le titre de l’œuvre - MK4-170 - donne une indication pertinente mais pas directement compréhensible. On serait dans l’ordre de la nomenclature : 170 pour la largeur, 4 pour le nombre de parties assemblées et MK pour les initiales de la série à laquelle appartient la pièce : Muscle Kit. Il fallait le savoir.
MK4-170, bois, mousse de garnissage, sérigraphie sur membrane pvc 58 x 168 x 9 cm, 2020 - Installée au fond du couloir du 2ème étage de l'Hôtel de Ligne).
Puis, il fallait encore apprendre que les termes « Muscle Kit » désignent les panoplies de films adhésifs apposées sur les véhicules de course et en particulier sur les motocyclettes à caractère (très) sportif. Il suffira d’entrer les bons mots-clefs dans le moteur de recherche de votre choix pour qu’Internet livre des images dont la familiarité avec les MK de Frédéric Platéus apparaisse comme une évidence solaire.
L’artiste réengage une démarche fondatrice de son travail : s’intégrer dans une communauté – ici, celle des passionnés de sport mécanique comme ailleurs, il a rejoint les manipulateurs de Rubik’s Cube ou les chasseurs d’OVNI – et étudier ce qu’il peut en retirer sur le plan esthétique.
Les MK se définissent avant toute chose par la qualité de la composition formelle et chromatique, par la finition industrielle des matériaux et le rendu sophistiqué de la mise en œuvre ; ni valeur figurative ou symbolique, ni trame narrative. Il y a aussi le choix raisonné d’éléments typographiques imprimés en sérigraphie. Sur la pièce du Parlement, on lit distinctement le mot « Ninja ».
Platéus ne renvoie bien entendu pas à la figure du mercenaire mais à la gamme de deux roues produites par le constructeur nippon Kawasaki dont il emprunte le logo dans un modèle italique aux lettres à bords déchirés lequel revient sur son intérêt pour le mouvement. « Je me rends compte de la place centrale que les questions du dynamisme et de la vitesse occupent dans l’ensemble de mon travail. La plupart de mes recherches sont traversées par le désir ou le besoin de mouvement. Sans doute faut-il mettre cela en relation avec un souhait d’évasion, de fuite ou d’échappatoire », déclare Frédéric Platéus sans dévoiler d’où il tente de s’évader, ce qu’il essaie de fuir ou ce dont il cherche à échapper.
Texte de M. Pierre Henrion