Patrick Corillon

Patrick Corillon, Les paravents, 2007

Patrick Corillon a développé Les paravents en réponse à une demande d’intervention dans la bibliothèque du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

« La proposition m’intéressait à bien des égards, explique l’artiste. Elle était clairement destinée à répondre à un usage précis et à apporter du bien-être aux utilisateurs des lieux. Il fallait créer un dispositif permettant de structurer la salle de lecture de façon modulaire et d’aménager des aires d’intimité avec un matériel léger. Je suis par ailleurs fort attaché aux projets qui abordent le domaine du livre. J’ai reconnu ici l’occasion de travailler cette thématique dans une dimension sculpturale. Très vite, la forme et les proportions des paravents me sont venues à l’esprit. Tout en évoquant un cahier ouvert, elles permettaient de placer mon intervention à l’échelle du corps plutôt qu’à celle de la main qui est d’ordinaire afférente au livre. C’est un rapport très physique mais aussi symbolique : on pénètre à l’intérieur des espaces délimités par les paravents comme on entre à l’intérieur d’un récit. »

Définition
Paravents Patrick Corillon

Les paravents (salle de lecture – rdc Hôtel de Ligne) bois, tissu imprimé, sérigraphie sur forex 4 paravents de 4 panneaux de 170 x 70 cm 2007

Les feuilles en tissu tendues sur les armatures des quatre paravents portent des extraits d’ouvrages conservés dans la bibliothèque du Parlement. Corillon les a choisis au sein d’un corpus de textes constitué par les documentalistes pour éclairer les principales missions de l’institution. « J’y ai effectué une sélection qui esquisse une vision personnelle de la Communauté française en Belgique sur le plan social, culturel, économique ou autres. J’aime l’idée que le lecteur puisse se plonger dans ce type d’écrits comme dans un roman. Pour moi, ces textes possèdent des qualités littéraires à même de soulever une émotion. »

Au premier regard, on s’arrêtera sans doute davantage sur les plaques en forex fixées dans la partie supérieure des paravents : elles évoquent des marque-pages. « Cette idée m’est venue d’un texte de Marcel Proust intitulé Sur la lecture. Il y explique notamment qu’enfant, plongé dans ses livres préférés, il se trouvait souvent distrait : par la visite d’un ami, le vol d’un insecte, la prise du goûter ou du dîner et que ces réalités gravaient en lui des souvenirs précieux. Quand des années plus tard, il lui arrivait de feuilleter les livres d’autrefois lui revenaient des impressions enfouies sur son propre passé. Les marque-pages des paravents qui prennent la forme de note de restaurant, de billet de train, de ticket de spectacle introduisent des souvenirs de la vie des personnes qui ont consulté les ouvrages et qui y ont laissé quelque chose d’elles-mêmes, un signe du ‘dehors’ qui vient enrichir l’expérience de la lecture. »

Texte de M. Pierre Henrion

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