Philippe Herbet

Philippe Herbet, Femme marchant de la série Made in Belarus, 2008

Philippe Herbet est un voyageur. Ses errances l’ont souvent conduit en ex-Union soviétique : Abkazie, Adyguée, Belarus, Daghestan, Géorgie, Kazakhstan, Ukraine, Ossétie, Tchétchénie … : « Ma grand-mère maternelle était russe. Je voulais découvrir ces contrées, les décors, le théâtre d’une moitié de mes origines, mon rhizome oriental. »

Femme dans les rues de Soligorsk fait partie de la série Made in Belarus photographiée en 2007 et 2008 en République de Biélorussie. Elle montre des femmes surtout mais aussi des monuments du temps de Soviets, l’un ou l’autre chien en liberté, un intérieur de train qui ressemble à celui d’un tram d’avant-guerre, des architectures d’esprit moderniste et des objets « design made in Belarus ». Ici, le modèle est vu de dos, comme parfois.

Définition
Philippe Herbet, Femme marchant de la série Made in Belarus, 2008 low def

Femme dans les rues de Soligorsk, Belarus, photographie argentique, C-print 100 x 100 cm, 2007-2008 - Installée dans le couloir du 1er étage de l'Hôtel de Ligne.

« Je ne la connaissais pas, explique Philippe Herbet. Son portrait sans visage a quelque chose de mystérieux et d’intériorisé. Elle est élégante avec son tailleur très soigné. Je l’ai suivie dans les rues de Soligorsk, une cité nouvelle construite à partir de la fin des années 1950. Soligorsk, la ville du sel … ce nom m’intriguait. Que pouvait-il y avoir là-bas ? »

Des femmes, justement. Toutes partagent une allure surranée à nos yeux d’Occidentaux ; le tailleur de cette belle inconnue est certes soigné, mais il est aussi démodé, du moins suivant nos codes de lecture. Leurs portraits semblent toujours imprégnés de l’atmosphère désuète de la période soviétique.

Sur le plan formel, Herbet reste dans Made in Belarus attaché à quelques spécificités comme une inclination pour le format carré. Ce dernier correspond à celui de la pellicule 6x6 de ses appareils argentiques de prédilection : le Rolleiflex et le Hasselblad.

« La façon dont on peut positionner un portrait dans un format carré m’intéresse. Le modèle peut être centré et le reste du champ permet de montrer son environnement, un peu de son univers. La visée à hauteur de poitrine donne à l’image une légère contre-plongée ; on est un peu en dessous du visage. »

La couleur constitue un autre élément important de l’écriture de cette série. On le voit avec Femme dans les rues de Soligorsk. Herbet a choisi le moment où elle marche sur un trottoir bleu. Il cherche des rapports de teintes, des harmonies. Et l’optique allemande qui équipe son appareil leur donne une tonalité particulière en phase avec la désuétude des sujets.

Texte de M. Pierre Henrion

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