Travaux de restauration réalisés par le Cabinet p.HD

Les salles de l’hôtel de Ligne ont fait l’objet d’une première restauration menée par le bureau d’architectes A2RC de Bruxelles. Il y a quelques années sont apparues des dégradations dues essentiellement à des conditions hygrométriques variables. Le propriétaire de l’immeuble à l'époque, la société d’assurances Ethias et les occupants, le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles se sont inquiétés de cette dégradation. Il a donc été fait appel au Cabinet p.HD de Liège spécialisé en restauration et particulièrement intéressé par les décors intérieurs.

Si les façades ont été relativement peu modifiées, l’intérieur au contraire a subi davantage de remaniements et de transformations au fil des années et des propriétaires.

Nous savons peu de la décoration intérieure de l’hôtel pendant la période du Comte de Lannoy. Selon I. Gérard, le comte fait appel à des artisans bruxellois pour repeindre et aménager portes, fenêtres, cheminées et trottoirs. Les archives du Comte conservées aux archives de la ville de Bruxelles comptent des factures relatives à des travaux de peintures grises et blanches, mais aucune trace précise ayant trait à un décor polychrome.

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Études préalables

Lors de l’étude en vue des travaux de restauration mis en œuvre par les restauratrices, Isabelle Happart, Marie-Hélène Ghisdal et leur équipe en 2009, chacun des salons a fait l’objet d’une étude préalable des stratigraphies. Des recherches ont permis de découvrir que la salle blanche, qui présente aujourd’hui une monochromie presque monacale, était couvert d’un décor de faux marbres chatoyants.

L’étude de la salle José van Dam (anciennement Salon doré) voisine, le plus extraordinaire de cet ensemble, a montré qu’elle était restée dans son état premier en dehors de quelques surpeints dus à des restaurations anciennes.
L’étude stratigraphique des finitions permet d’établir l’évolution des différentes couches picturales depuis la première phase de décoration jusqu’à la phase actuellement visible. Pour ce faire, des sondages stratigraphiques sont effectués sur chaque partie et élément du décor peint : chaque moulure, bordure, ornement en stuc du plafond et des murs, chaque pan de mur (plinthe, lambris, frise,…) sont sondés. Les couches successives sont dégagées l’une après l’autre jusqu’au support, à l’aide d’un scalpel et d’une lunette loupe.
Le sondage est ensuite enregistré sous forme de fiche technique reprenant l’emplacement exact du sondage avec localisation sur plan, la dimension du sondage, ses caractéristiques, une description détaillée de chaque couche (nature, épaisseur, couleur avec identification et référence exacte de la couleur), ainsi qu’une ou plusieurs photos.

Au terme de l’étude stratigraphique, une synthèse de l’évolution des différentes couches est établie car le travail s’inscrit dans le cadre d’un projet de restauration globale de la salle. Il doit donc en terme de conclusion pouvoir établir une proposition de traitement concrète, une méthodologie et une philosophie pour la restauration de ce décor. Pour illustrer l’étude, une restitution graphique avec la répartition exacte des couleurs est établie pour chaque grande partie: plafond stuqué, mur.

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Révélations de l’étude de la salle José van Dam

Les peintures qui ornent les murs de cette salle, offrent un ensemble décoratif dont l’intérêt est de garnir et d’enrichir l’espace tout en lui conférant un cachet particulier, s’inspirant, comme dans les autres salles de l’étage de la mythologie gréco-romaine.

Ces panneaux de menuiseries à encadrements sculptés peuvent être datés du XIXe siècle et peints à l’huile sur bois résineux. Les lambris inférieurs sont monochrome blanc et couverts d’un glacis brunâtre. L’agencement des formes est simple et lisible, notamment grâce à sa symétrie stricte : les lambris du haut sont décorés de trois motifs peints verticalement qui se répètent sur chacune des élévations. Le motif le plus large est composé essentiellement de grotesques en arabesques (griffons et de sphinges).

Le centre de ces panneaux est animé par de petites peintures allégoriques traitées en trompe-l’oeil et en grisaille dans un camaïeu de tons ocre brun. Empruntées à l’iconographie gréco-romaine, ces scénettes s’insèrent dans des médaillons ou des mandorles et représentent l’agriculture, le commerce, la navigation, les arts, etc. Plus simples, les motifs décoratifs des lambris plus étroits se composent essentiellement de feuilles de laurier et de feuilles d’acanthe.

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Salon van Dam Crédit Reporters

Salon van Dam

Les trumeaux de portes s’inspirent également de la mythologie gréco-romaine, ces trois peintures sont exécutées en trompe-l’oeil en grisaille à l’huile sur toile.

Sur le mur ouest, l’artiste a représenté « Le lever du Soleil » qui met en scène une allégorie de l’Aurore guidant le char d’Apollon dont les figures féminines représentent les Heures du jour. Cette peinture est une copie d’un détail de l’oeuvre de Guido Reni « L’Aurore » conservée au Palazzo Pallavicini à Rome.

Apollon est le dieu de la musique, de la poésie, de l’éloquence, de la médecine, des augures et des arts. Dans l’iconographie grecque, il est fréquemment représenté présidant aux concerts des neuf Muses. Dans ce salon, les peintures des trumeaux des deux portes du mur sud représentent « Apollon et les Neuf Muses ». Dans le trumeau gauche, Apollon est assis sur un trône entouré de part et d’autre des neuf muses. Comme dans la peinture « l’Aurore », il est figuré sous les traits d’un homme jeune et sans barbe, Il est coiffé d’une couronne de laurier et porte la lyre qui symbolise l’harmonie des cieux.

Le centre du mur sud est occupé par une large cheminée en marbre blanc sculpté de torsades au centre desquelles on observe de petites rosaces et des noeuds dorés. La cheminée est surmontée d’un grand miroir cintré.

Le mur Est, situé du côté de la rue Royale, est également décoré par un grand miroir rectangulaire dont l’imposte est décorée par une petite peinture allégorique.

Au centre du plafond blanc, une imposante rosace octogonale est exécutée en stuc sculpté et doré. On retrouve différents attributs aux angles de l’octogone : trompette, épée, deux caducées, Neptune, instruments de mesure, lyre et masque.

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Révélations de l’étude des peintures sur panneaux : lambris hauts et dessus de miroirs

Support
 

Les supports des décors en lambris se présentent sous la forme de grands panneaux aux planches verticales au centre desquels viennent s’insérer des panneaux indépendants ou sur lesquels sont posés des moulures délimitant d’autres surfaces décoratives plus petites.

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Salon van Dam Porte animation vidéo crédit reporters

Les décors du salon van Dam prennent vie grâce à l'installation d'un dispositif audiovisuel qui permet au Parlement de proposer des visites immersives et pédagogiques de ses locaux.

Agencement

L’agencement général des décors se base essentiellement sur trois motifs peints verticaux.
Ces trois ensembles, large, moyen et étroit ont chacun des dimensions fixes et ont été reproduits plusieurs fois au poncif sur base d’une même matrice.
Cette répétition de dimensions des motifs peints oblige, étant donné que chaque mur est de dimension unique, à varier les dimensions des caissons et les espaces entre les caissons. Cette contrainte est contournée en partie en disposant, au choix, de part et d’autre d’un motif large, soit des motifs moyens soit des motifs étroits et ce sans tenir compte d’une symétrie d’ensemble.

Cette simplicité d’exécution va jusqu’à rogner des motifs peints sous les moulures des caissons ou à reproduire côte à côte deux caissons étroits afin de combler un vide.
Il en résulte une dissymétrie forte des mesures et une symétrie relative des agencements pour chaque face du volume général. Seule la face ouest présente une symétrie de décors.

Technique d’exécution : dimensions
Les dimensions des caissons varient donc d’une face à l’autre mais également d’un mur à l’autre pour une même face. Pour un même motif, l’espace entre celui-ci et sa moulure varie mais aussi l’espace entre les différents caissons. Il en résulte une impression d’écrasement ou de vide en fonction des murs.

  • Les caissons à motif étroit varient en largeur entre 14 et 18 cm.
  • Les caissons à motif moyen varient en largeur entre 41,7 et 50,5 cm.
  • Les caissons à motif large varient en largeur entre 69,8 et 101,8 cm.


La hauteur des caissons est fixe à 333 cm (343 cm avec moulure)
Les espaces entre les caissons varient peu (entre 7 et 9 cm).
Cependant les espaces compris entre les angles des murs et le départ des décors varient beaucoup plus.

Nous pouvons voir par là encore la volonté d’adapter un décor en étendant ou raccourcissant au maximum un registre sans que cela soit trop perceptible.

En règle générale c’est donc l’espace des caissons et des bords extérieurs du décor qui varient plutôt que les espaces entre les caissons.
Les moulures font 3,5 cm de large pour les caissons étroits et 5 cm de large pour les caissons moyens et grands ainsi que pour les moulures d’appui.


Système de mesures

Là où existait, pour les menuisiers ou les peintres, la possibilité de choisir une mesure, on constate qu’elle s’exprime en centimètre.
Les largeurs de moulures sont fixes et précises à 3,5 et 5 cm.
Dans la disposition des caissons beaucoup de mesures variables sont précises à l’unité en centimètre. Les motifs peints sont fixes et répétés sur base d’une matrice avec des mesures en centimètres également: mandorle de 22 cm de large, 43,5 cm de haut et pourtour de 2 cm de large ; rosace de 5 cm de diamètre ; médaillons de 23 cm de diamètre,…

Cette utilisation systématique du système métrique concerne les peintures et les menuiseries. Elle est certainement intéressante car nouvelle dans l’histoire des mesures à cette époque. Elle permettra sans doute, lorsque les données relatives à l’adoption effective par les artisans de ces nouvelles mesures seront connues, d’être un élément de précision de la date d’exécution de l’ouvrage.

L’adoption du système métrique a été un lent processus avec même des retours en arrière.

Nos régions adoptent de fait assez tôt l’idée d’un nouveau système de mesures car les Pays-Bas méridionaux deviennent département français à partir de 1792. Cependant l’adoption définitive du système métrique au 7 avril 1795 par la Convention concerne également nos régions et des étalons provisoires en laitons, fer et marbre sont créés ou même envoyés en province.

Les étalons officiels en platines sont fabriqués en 1799 mais ils ne seront envoyés aux différents départements qu’en juin 1800.
Pourtant, devant les difficultés d’adaptations de la population il y a un retour légal de certains anciens noms de mesures en 1800.
Une circulaire datée de 1802 signale le peu de succès remporté partout par l’adoption effective du système métrique sauf à Paris et dans certaines grandes villes.

En 1812 le système métrique est retiré par Napoléon.
En 1816, Guillaume Ier des Pays-Bas adopte le système métrique et son application officielle et obligatoire entre en vigueur le 1er janvier 1820.
La Belgique devenue indépendante en 1830 garde les nouvelles mesures mais elles ne sont plus obligatoires. Elles le redeviennent par une loi du 11 juin 1836.
Ainsi, l’utilisation du système métrique lors de la réalisation du Salon van Dam tant par les peintres que les menuisiers implique une adoption bien établie de ce nouveau système et donc vraisemblablement pas avant 1820.

Définition

La restauration s’étale sur plusieurs années.

Commencée en 2007, par la restauration de la salle Yolande Moreau, elle s’est poursuivie par la restauration de la salle José van Dam, ensuite la salle Maurice Béjart.

Elle s'est poursuivie en 2012 par la restauration de la salle François Englert.

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Salon Yolande Moreau crédit reporters

Salon Yolande Moreau